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A propos des auteurs

  • Martial Van der Linden est docteur en psychologie, professeur honoraire de neuropsychologie et psychopathologie aux Universités de Genève et de Liège. Une partie de ses travaux est consacrée aux effets du vieillissement sur le fonctionnement dans la vie quotidienne, et ce, dans une perspective plurifactorielle et intégrative.
  • Anne-Claude Juillerat Van der Linden est docteure en psychologie, chargée de cours à l'Université de Genève et psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie. Après 20 ans en tant que responsable à la Consultation mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève, elle a créé et dirige la consultation "Vieillir et bien vivre" à la maison de santé Cité Générations.
  • Tous deux ont fondé en 2009 une association du nom de VIVA (Valoriser et intégrer pour vieillir autrement), qui promeut à l'échelle locale des mesures de prévention du vieillissement cérébral problématique.

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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 13:07

 

De nombreuses recherches ont montré que différents facteurs psychologiques et expériences de vie (tels que des facteurs de personnalité ou des événements stressants) étaient associés au risque de développer un vieillissement problématique.

 

Dans une recherche menée à Chicago dans le cadre de l’étude épidémiologique « Rush Memory and Aging Project », Boyle et al. (2010a) ont exploré la contribution d’un autre facteur psychologique, à savoir le fait d’avoir des buts dans la vie et de donner une signification à son existence. Les auteurs ont suivi, pendant une période allant jusqu’à 7 années, 951 personnes âgées issues de la communauté de Chicago. Ces personnes ont été soumises à des évaluations annuelles très détaillées (y compris cognitives) dans le but d’identifier la présence d’un vieillissement problématique (« maladie d’Alzheimer » ou « trouble cognitif léger »).

 

Ces évaluations ont révélé que 155 personnes (16.3%) avaient développé un vieillissement problématique (qualifié de « maladie d’Alzheimer »). Cependant, les personnes qui avaient obtenu un score élevé à une échelle évaluant la présence de buts dans la vie et l’attribution d’un sens à l’existence avaient 2.4  fois moins de risque de développer une soi-disant « maladie d’Alzheimer » que celles qui avaient un score faible. Cette association subsistait après qu’avaient été contrôlés le rôle possible de facteurs tels que les symptômes dépressifs, le neuroticisme (la tendance à ressentir des émotions négatives), la taille du réseau social et le nombre de problèmes médicaux chroniques. Il en allait de même après avoir exclu les personnes ayant développé une « maladie d’Alzheimer » durant les trois premières années du suivi. Enfin, des analyses supplémentaires ont révélé que la présence de buts dans la vie et d’une signification à l’existence était également associée à un risque moindre de développer un « trouble cognitif léger » (« MCI »).     

 

Dans une autre étude, également menée dans le contexte du « Rush Memory and Aging Project », Boyle et al. (2010 b) ont exploré les liens entre le fait d’avoir des buts dans sa vie et le risque de handicaps dans la vie quotidienne chez 970 personnes âgées « non démentes », résidant dans des maisons de retraite ou d’autres types de résidences pour aînés.

 

Ces personnes ont fait l’objet d’évaluations approfondies (y compris du fonctionnement cognitif général) chaque année, avec un suivi allant jusqu’à 8 ans. En ce qui concerne les handicaps, les activités de base de la vie quotidienne (comme se nourrir, s’habiller, etc.), les activités instrumentales de la vie quotidienne (comme téléphoner, préparer les repas, utiliser l’argent, etc,), ainsi que la mobilité (comme monter et descendre les escaliers, parcourir 800 mètres, etc.) ont été évaluées.

 

Les résultats montrent que le fait d’être davantage capable de trouver des buts dans sa vie et d’attribuer un sens à son existence réduit fortement la présence de handicaps dans la vie quotidienne. Ces résultats sont robustes, car ils se maintiennent après avoir contrôlé l’influence possible d’un grand nombre de facteurs tels que le fonctionnement cognitif global, les symptômes dépressifs, le neuroticisme, le réseau social, le revenu, la fragilité physique et les maladies/facteurs de risque vasculaires. Par ailleurs, l’association observée persiste même après avoir rendu plus stricts les critères définissant la présence  de handicaps dans la vie quotidienne.

 

Les mécanismes impliqués dans la relation entre le fait d’avoir des buts dans la vie et de donner un sens à sa vie et la réduction du vieillissement problématique et de handicaps dans la vie quotidienne restent à identifier. Il existe néanmoins des données suggérant que ce facteur psychologique agirait sur le risque de vieillissement problématique via ses effets bénéfiques sur la fonction immunitaire et la santé vasculaire

 

Quoi qu’il en soit, ces données indiquent qu’il est important de mettre en place des mesures visant à accroître l’engagement actif des personnes âgées dans des activités (éducatives, sociales, familiales, etc.) et ayant une signification personnelle.

 

L’initiative de Catherine et Peter Whitehouse consistant à impliquer les personnes âgées, y compris celles qui présentent un vieillissement problématique, dans le suivi scolaire des enfants au sein de l’Ecole Intergénérationnelle qu’ils ont fondée constitue une illustration particulièrement intéressante et novatrice de ce type de démarche (lien). 

 

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Participation des personnes âgées à l'Ecole Intergénérationnelle de Cleveland, photographie de Peter Whitehouse.


Boyle, P.A., Buchman, S.B.,, Barnes, LL, & Bennett, D.A. (2010 a). Effect of a purpose in life on rik of incident Alzheimer disease and mild cognitive impairment in community-dwelling older persons. Archives of General Psychiatry, 67, 304-310.

Boyle, P.A., Buchman, S.B., & Bennet, M.D. (2010 b). Purpose in life is associated with a reduced risk of incident disability among community-dwelling older persons. American Journal of Geriatric Psychiatry, à paraître.

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